Pigeons France - SNC
SNC : son histoire
LAUDATIO POUR UNE CENTENAIRE …
La colombiculture, en tant que pratique de détention et d’élevage de pigeons domestiques remonte à la nuit des temps. L’histoire de l’Humanité nous apprend que nous devons nous porter quelques 6000 ans en arrière pour trouver les premières traces de pigeons domestiques, témoins des civilisations, des cultures, des croyances, des religions, de l’art, de l’imagination, des légendes… Mais la colombiculture organisée est très récente en France.
Quand alors la faire débuter ?
Disons qu’elle a pu démarrer à partir du moment où « tous les hommes, libres et égaux en droit» étaient à même de pouvoir s’adonner à ce loisir…de luxe !! Faisons là donc débuter par le décret du 4 août 1789, 21 jours après la symbolique prise de la Bastille, par laquelle la devise maçonnique « Liberté, Egalité, Fraternité » est devenue celle de notre Nation ; décret qui dit dans son article 2 : « le droit exclusif des fuies ou colombiers est aboli.(…) » Et avec lui l’ensemble des privilèges. Mais les choses n’iront pas si vite. Il faudra attendre l’année historique de 1903 pour voir la création de la première association d’éleveurs, le Pigeon Club Français, à Lille, par l’illustre Robert Fontaine, auteur et monument prestigieux de la colombiculture dite « moderne ».
Les événements les plus marquants
Je vais maintenant citer les dates et les événements les plus marquants, voire symboliques, du passé historique de notre organisation, et je vous assure que la surprise sera au rendez-vous ! Commençons par des passages du PV de l’AG du 23 octobre 1904 qui témoigneront du dynamisme et de la clairvoyance de ces hommes qui ont su donner tout ce qu’ils avaient au fond d’eux-mêmes pour les éleveurs de leur époque :
« […] L’assemblée décide de garder le statu quo pour les élections : président : Robert Fontaine […]
Membres conseillers étrangers : MM Yvan Braconnier (Belgique), président de l’Union avicole de la province de Liège ; le baron van Herzeele (Pays-Bas) ; le révérend W.F. Lumley secrétaire honoraire du Pigeon Club anglais ; Salvador Castello y Carreras, président des aviculteurs espagnols ; Emil Schachtzabel, président de la Fédération allemande des pigeons de couleur. » Force est de constater que ces hommes ont su instaurer des relations internationales (qui ne sont donc rien de nouveau), qu’elles ont été établies dès le début et nous verrons qu’elles ont contribué à l’échange de documents (standards, revues…), d’idées et ont servi la prospérité du Pigeon Club
Français ! Et de l’Europe ?…déjà ..! Mais il y a mieux encore, je vous laisse découvrir :
« … le bureau du club est abonné aux meilleures revues étrangères… le club continuera à établir et à publier les standards des diverses races de pigeons… chaque standard fait l’objet d’une feuille séparée numérotée de façon à pouvoir former ultérieurement par une reliure, le recueil des standards de races françaises… Pour fixer les points des races étrangères, le club s’inspirera des décisions prises par les clubs spéciaux étrangers…On réclame la cage d’exposition à claire-voie complète placée à hauteur de poitrine d’homme et montée sur un seul étage… ! »
Et nous ne sommes encore qu’en 1904 !! Elément symbolique non négligeable cité par R. Fontaine :
« La devise du Pigeon Club Français est et restera : semper recte »
Je la traduirai par « toujours droite ». On aurait pu dire « toujours debout ». Notez qu’on parle à cette époque de « races d’utilité » et de « races de luxe » et on commence à se battre pour la qualité des bagues… ! Et c’est le Pigeon Club Français qui nomme les juges pigeons. En 1918, Robert Fontaine doit quitter la présidence pour raison de santé, et est remplacé par le Dr Louart, à qui succède Michel Jacquin, suivi de Paul Chonneaux, grand mécène du Pigeon Club Français, administrateur et négociateur qui a su poser les jalons pour une union avec une association parallèle, très en vogue, fondée à Paris en 1905 par Alfred Gritton, grande figure dans l’élevage du Mondain, et qui s’appelle « Les Amis du Pigeon ». Sous la présidence de Paul Chonneau est alors créée la « Commission des Mondains » qui avait pour but le suivi de la sélection et l’uniformisation de la qualité de cette race, le perfectionnement du standard, le suivi des jugements, etc. Elle fut à maintes reprises réactualisée et jusqu’à ce jour, jamais dissoute, à ne pas oublier… En 1935, on demande des cartes de jugements pour chaque pigeon, mais on ne les affiche pas tout de suite aux cages. Il faut, à cette époque déjà, une certaine période d’adaptation ; sagesse ? Précaution ? Selon le dicton : On a toujours du mal à accepter les idées nouvelles, surtout quand elles sont justes ! C’est ce qui plane encore aujourd’hui dans les esprits, mais il faudra bien que la raison prenne le dessus.
Puis arrive la date fatidique du 27 novembre 1937.
Après plusieurs mois de discussions et de rapprochements entre les deux associations, la plupart des éleveurs adhérant aux deux, se tient une assemblée générale mémorable, sous la double présidence intelligente de Paul Chonneau et Alfred Gritton, et voici créée la nouvelle société qui regroupe tous les éleveurs de pigeons de France. Elle porte le nom de :
« Société Nationale de Colombiculture (Pigeon Club français et Les Amis du Pigeon réunis). »
Alfred Gritton en est le président général, Paul Chonneau le président administratif. Dans le CA se trouvent élus beaucoup de personnalités colombicoles qui ont marqué ce loisir par leur passion et leur engagement de la première heure. Citons quelques noms connus de ces « pionniers » : le professeur Lienhart, MM Esprangle, Boucanus, Delandre, Jéhu, Mannant, Berthier qui prend la présidence en 1940. Mais il y a là un personnage fondateur qui a déjà marqué de son empreinte, pour ne pas dire de sa « griffe » la SNC et son avenir, il s’agit du secrétaire général Roger Lamy. Juge extrêmement qualifié, personnalité patiente, dévouée, compétente à qui la SNC devra une grande partie de son développement durant le 20ème siècle. Ce fut le président Berthonneau, élu en 1943, qui aida la SNC à sortir de la tourmente de la seconde guerre, où tout était en sommeil, en attendant le renouveau de la lumière et de la vie. En 1945, en plein tumulte, est créée la première « commission des juges et des standards ». En 1948, M. Lacombe est élu président. En 1955, la Commission du Mondain, léthargique, est recréée, avec de nouveaux objectifs et impulsions. Durant toute cette ère de construction de la SNC, l’exposition vitrine fut le Salon de l’Agriculture de Paris, où les pigeons occupaient une place importante, et pour lesquels la SNC, sans relâche, n’a cessé de proposer des avancées pratiques à la SCAF, organisatrice de la partie « Aviculture » du salon, pour satisfaire les éleveurs exposants. Ainsi, pour anecdote, le CA du 8 septembre 1956 décide de transmettre les vœux suivants à la SCAF :
« 1- de voir figurer au catalogue palmarès les races jugées par chaque juge. 2- que le jugement se fasse d’une façon plus sérieuse, en donnant plus de temps pour opérer, c’est-à-dire une journée entière, et non quelques heures. 3- que chaque division (races françaises, étrangères, de fantaisie) soit supervisée par un juge capable de conseiller, le cas échéant, et de parer aux défaillances de certains juges (sic) ».
Désolé pour les récalcitrants au système actuel, mais ce sont là les bases du concept de juge « référent ». Osons espérer que ce rappel historique et cet esprit clairvoyant de nos anciens mette un bémol dans les esprits hostiles aux actions progressistes… Max Lacombe, grand conciliateur, décède en 1958 et lui succède M. Commassous qui lui aussi succombe à un mal implacable un an après.
Les temps modernes de la SNC
Le 28 mai 1960 le CA réorganise la Commission des standards : en font partie MM Paul Vilaine, Esprangle, Delandre, Huber. Le 22 octobre 1960 la SNC a pour président Paul Vilaine, un personnage clé pour l’avenir, disons les temps modernes de la SNC. Puis tout va très vite. En 1962, on instaure la présentation de volières (six couples !). Paul Vilaine publie le fascicule sur la Colombiculture Française en 1964. En 1965, sont supprimés les couples et parquets parce que n’offrant pas d’intérêts, ni pour les sociétaires, ni pour la SNC ! Avouez qu’on a mis du temps pour en être convaincu, et encore… C’est encore la SNC qui propose en 1966 de réunir TOUS les juges pigeons à Paris afin d’assurer une cohésion humaine et technique pour l’avenir. Autre date importante : le 15 novembre 1969 Paul Vilaine se retire et Roger Lamy est élu président de la SNC.
Il faut attendre le 22 novembre 1975 sous l’impulsion majeure de Jacqueline Francqueville, pour voir naitre Colombiculture. En 1976, sous l’impact du secrétaire général Claude Simon, le recueil des standards sous forme d’un classeur voit le jour.
Enfin, en février 1978, est organisée à Illkirch Graffenstaden par le Pigeon-Club du Bas-Rhin, la première exposition nationale de la SNC. Cap décisif pour son avenir, nous en avons eues les preuves, la SNC vole maintenant de ses propres ailes. En 1978, après un mandat long, fructueux et plus jamais égalé, Roger Lamy, qui a marqué de son sceau la colombiculture française, se retire et Roger Guillemot est élu à la présidence de la SNC. On poursuit les Nationales, on soutient les clubs. René Papillaud prend la présidence en 1979 jusqu’en 1981, où le flambeau est finalement repris par Roger Guillemot après une courte escapade. La notion des qualités des jugements se poursuit et on parle de juges spécialisés. On se donne les moyens de les former mieux, en instituant l’examen des juges par groupes, système accepté par la SCAF, qui est en place encore à ce jour, et dois-je le rappeler ?…. grâce à la SNC ! Roger Guillemot passe le relais à Claude Simon qui a su repérer et choisir les compétences au sein du CA et a ainsi pu faire progresser la SNC dans le domaine de l’information et lui a permis de se placer dans l’Aviculture européenne. Vous aurez remarqué que tout ce qui précède ne s’est fait que sous les auspices et les impulsions de ces hommes et femmes qui étaient convaincus de leur mission au service des autres, des éleveurs, de nos races, et de notre idéal. Beaucoup sont partis, mais nous ont laissé leur exemple.
Je rends hommage à tous ces hommes qui ont marqué de manière constructive, l’histoire de la colombiculture française, et par elle, celle de la SNC !
D’autres sont là et veulent poursuivre l’action ; qu’ils sachent qu’ils ont à rester des femmes et des hommes complémentaires dans leurs actes et surtout dans leur esprit. Mon souhait est que la SNC puisse se parer à nouveau de sa devise : « Semper recte » !
Jean-Louis Frindel
Passé président de la SNC